Historiquement, les archers montés n’appartiennent pas à la tradition romaine. Au contraire, quand les armées romaines se retrouvèrent face aux archers Parthes (et leur fameuse flèche, décochée au moment de la retraite), il ne purent cacher leur mépris…comme leur difficulté à contrer tactiquement cette arme.
Les Romains ont bâti leur supériorité militaire millénaire sur l’excellence de leur infanterie lourde. Celle-ci, avec ses spécificités, est venue à bout de TOUTES les armées qu’elle a pu rencontrer : Carthaginois, Grecs, Macédoniens, Celtes, Germains, Numides, Bretons, Gaulois, Égyptiens et bien d’autres encore, tous ont fini écrasés par les armées romaines.
Mais un seul n’a jamais été complétement annihilé : les Parthes. D’abord parce que leur territoire, trop étendu pour les capacités logistiques romaines, les mettait finalement hors de portée d’une annexion, même après avoir été vaincus. Trajan a pu prendre Ctésiphon, Julien camper sous ses murs, au mieux les Romains brisaient pour une génération la machine militaire adverse et obtenaient des des concessions diplomatiques (spécialement sur l’Arménie, pomme de discorde entre les deux états) et territoriales, mais jamais les deux adversaires n’ont même imaginé conquérir et annexer la totalité du territoire ennemi.
L’autre raison de la survie des Parthes face aux armées romaines, c’est l’équation jamais résolue qu’ils posaient. En bons orientaux, les Parthes n’ont jamais hésité à sacrifier leurs sujets et surtout leurs récoltes dans une politique de la terre brulée qui depuis à fait des émules (et des victimes…) jusqu’à la Russie soviétique face à l’Allemagne nazie.
Évitant les grandes confrontations dont ils savaient le peu de chances qu’ils auraient d’en sortir vainqueurs, les Parthes préféraient les embuscades, la guerre d’escarmouches et d’usure. L’un de leur atout majeur dans la conduite de ces opérations, c’était précisément les archers montés.
Les Romains, fantastiques pragmatiques, ont fait de cette option tactique l’une des leurs, notamment face aux peuplades de Germains, qui n’avaient rien dans leur arsenal pour répondre à une telle arme.
Les Romains ont donc « industrialisé » la création d’unités d’archers montés, sans doute à l’origine par le réemploi de prisonniers parthes sur les confins occidentaux, comme l’attestent les noms d’unités comme les Equites sagittarii Parthi seniores et iuniores, ou les Equites sagittarii cordueni ( de Corduene en Mésopotamie). En Occident, on trouve des clibanaires archers dont la provenance est sous doute orientale. Mais il y a fort à parier que très vite les archers étaient romains, ces derniers faisant toujours preuve d’une étonnante capacité d’adaptation. « L’industrialisation » de la production de ces unités est démontrée par le nombre impressionnants que l’on retrouve dans l’armée Occidentale : sur 32 vexillations comitatenses, pas moins de neuf sont des unités de cavaliers-archers !
Autre fait étonnant, toutes celles qui sont affectées à une armée régionales sont basées en Afrique. Il est tentant de voir une réponse tactique au problème posé par les razzias de nomades, et il y a fort à parier que ces archers devaient être le cauchemar des pillards. Mais cela reste quand même très étonnant qu’aucune unité ne soit affectée plus au Nord…
C’est d’autant plus troublant que l’on sait que l’Empereur Julien, lorsqu’on lui confia la garde de la Gaule, avait pour garde des archers montés et des cataphractaires. comme ces derniers, que l’on ne retrouve qu’en Orient, il y a fort à parier que la version de la notitia est tellement tardive que l’armée Gauloise qui y est décrite n’est assurément plus celle de la fin du IVème siècle.
Pour ma part et mon projet, il était inconcevable de ne pas doter mon armée Gauloise d’au moins une unité d’archers montés. A défaut de connaitre précisément le nom de celle qui suivait Julien, j’ai choisi les Equites secundo sagittarii, qui comme leur nom l’indique, ont sans doute été créés « à la chaîne » par le Haut commandement romain, puiqu’il existe un primo, un tertio et un quarto sagittarii. Rien n’indique d’ailleurs qu’il en ait pas existé d’autres, qui ont pu disparaître avec le temps : cela expliquerait même probablement leur absence de tous les théâtres d’opérations excepté l’Afrique…
Les figurines pour réaliser cette unité montée, le set Hät 8188 fournissait 12 cavaliers-archers parfaits. J’en avait déjà réalisé 48 (deux boites complètes, archers et scutaires) pour en faire une aile frontalière de dalmates.
Là je n’ai gardé que les archers, les autres allant former une nouvelle unité, les Equites octavo Dalmatae dont je vous parlerai une autre fois.
J’avais aussi envie de changer des sempiternelles tuniques blanches ou rouges. Pour changer, je me suis basé sur un extraordinaire document : des mosaiques de l’époque qui représentent des soldats à la chasse : ils ne portent pas leur armure mais leurs tuniques sont parfaitement représentées, de la couleur primaire à leurs parements. Et l’on se redn compte que les habits n’étaient pas tous blancs, loin de là ! Jaune, bordeaux, vert-d’eau, les choix sont beaucoup plus divers !!
Salut ! Excellent article, j’y retrouve avec plaisir une des fameuses mosaïques de Piazza Armerina. Concernant la couleur des tuniques, il est même probable que les membres d’une même unité aient porté des tuniques de couleurs différentes… notre oeil aime bien une certaine uniformité, mais probablement anachronique!
J’aimeAimé par 1 personne
Merci Phil ! effectivement, la couleur des tuniques est en débat, comme j’ai pu te le dire dans un message précédent 😉
Pour résoudre le cas dans mon armée de petits soldats, j’ai pris le parti de jouer l’uniformité par unité (sauf les unités irrégulières ou semi-irrégulières), à l’exception parfois des officiers qui avaient les moyens de se payer des tuniques plus recherchées mais surtout plus couteuses !
J’aimeJ’aime