Les féroces cavaliers constantiaques sont une unité de cavalerie romaine de l’armée des Gaules dont on sait peu de choses. Sa position haute dans la notitia dignitatum, le registre des unités romaines de la fin de l’Empire, en fait à coup sûr une unité très ancienne, dont d’ailleurs le motif de bouclier ressemble beaucoup à la deuxième d’entre elles, les Equites primi gallicani. Son surnom de « constantiaques » vient probablement d’un des membres de la dynastie des constantinides, à commencer par le premier d’entre eux, Constance Chlore (le pâle, à cause de la blancheur extrême de sa peau), le père de Constantin.

Les Empereurs romains ayant l’habitude de renommer les unités pour mieux se les attacher, peut-être cette unité a-t-elle pris le nom du grand général Constancius quand celui-ci accéda au trône en 421 sous le nom de Constance III. C’est d’ailleurs lui qui reforma la dernière grande armée des Gaules et entreprit sa reconquête, contre les usurpateurs (Gérontius, Constantin, Jovin…), mais aussi les barbares qui s’y étaient répandus comme une épidémie (Francs, Alains, Wisigoths…).

C’est purement conjectural de ma part, mais je suis prêt à parier que cette unité est la descendante d’equites promoti, des « cavaliers promus » : beaucoup d’unités de cavalerie de l’armée romaine tardive ont été constituées en prélevant dans les légions augustéennes les hommes montés. C’est le sens de « promus », qui signifie dans ce cas qu’ils ont accédé à l’honneur d’avoir leur propre unité. A en juger par leur place prestigieuse dans la notitia et leur épisème, c’est un pari à prendre !

Le surnom de « féroces » est rare mais pas unique dans les unités romaines, et devait sans doute à la réputation de ces cavaliers. A cette époque, la réputation d’une unité n’était pas un vain mot : les auteurs de l’époque racontent la terreur des barbares quand ils découvraient le motif des boucliers des légions romaines qui se présentaient à eux, quand il s’agissait d’unités « célèbres » (dans mes souvenirs, Ammien Marcellin raconte qu’une armée d’Alamans fut terrorisée quand elle tomba nez à nez avec l’auxiliat des Bataves : en reconnaissant l’épisème des Romains, ils anticipaient déjà le carnage…). D’ailleurs, la plupart des campagnes du bas-empire ont été entreprises par les mêmes unités, une grosse dizaine toujours engagées, de la Bretagne à l’Afrique, comme les Herculiens, les Joviens, les Cornutes…

Mais cette réputation, au sein de l’armée comme face aux adversaires, se méritait : l’histoire militaire romaine est pleine d’exemples de sanctions contre des unités entières pour lâcheté : la décimation (exécution d’un homme sur dix) a été la punition la plus extrême, mais en fonction des périodes et des circonstances, des unités de cavalerie ont été obligées de défiler devant l’armée rassemblée déguisées en femmes, voire se faire dissoudre purement et simplement, les hommes étant transférés dans les rangs des valets, ces innombrables serviteurs qui suivaient l’armée en campagne. Esprit de corps, entrainement poussé et discipline inflexible étaient les recettes des Romains pour vaincre des barbares toujours plus nombreux qu’eux. Aussi, pour que cette unité mérite officiellement ce surnom de féroces, ils ont dû en massacrer du chevelu !

Malheureusement, comme 90% des unités romaines tardives, les equites constantiaci feroces n’ont pas fait l’objet d’un écrit, d’une ligne que nous aurait laissé un contemporain, pas plus à ma connaissance qu’une trace archéologique. Impossible par exemple de connaître leur cantonnement, et encore moins leur spécialité opérationnelle.
Alors pourquoi vouloir cette unité dans mon armée ? Pour les mêmes raisons que la prima gallica : une unité dont j’aime le nom, l’épisème et dont l’appartenance à la grande armée des Gaules en fait un candidate naturelle.

J’ai d’ailleurs utilisé le même set, le Hat 8183 Late roman medium cavalry (deux boites, pour arriver à 24 cavaliers, soit 240 « simulés » dans mon projet, pas loin des 300 nominaux qui devaient constituer l’unité sur le papier) que les primi gallicani, pour plus de cohérence, mais aussi parce que j’aime beaucoup cette série très réussie !

En terme de cavalerie régulière, et à moins de la sortie de nouveaux sets (ce dont malheureusement je doute fort…), j’ai désormais couvert presque tout le spectre :
- la cavalerie ultra-lourde des cataphractaires
- la cavalerie lourde romaine comme ces equites ou les primi gallicani
- la cavalerie lourde composée de prisonniers ou de volontaires étrangers comme les Comites Alani ou les Taifales
- La cavalerie légère, essentiellement dalmate, ou de création récente, sans oublier les archers montés ou la cavalerie frontalière.
Il me reste à enrichir mes irréguliers, à côtés de mes bucellaires, soldats privés, j’ai déjà les Goths et désormais des Huns !

Ensuite il faudra trouver un moyen de représenter les scholes palatines, mais je ne vois rien aujourd’hui dans ce que propose les fabricants pour le faire. Mes protecteurs domestiques ont déjà été réalisés avec mêmes figurines que ces Equites, mais j’ai l’intuition que les scholes doivent être plus richement équipés. Ce sera peut-être l’occasion, comme j’ai pu le faire avec ma légion de la Secunda Britannica, de les réaliser moi-même grâce à l’impression 3D…
Lovely painting and impressive project and blog!
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Thank you ! a long term project is always better than a one-shot 😉
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