Menapii Seniores – Ménapes Seniors

Les Ménapes seniors sont la meilleure des preuves de la réalité gallo-romaine : 5 siècles avant, les Ménapes (ou Ménapiens) étaient des Gaulois établis à l’embouchure du Rhin, féroces résistants à l’envahisseur Romain. Jules César avait dû employer la manière forte pour les soumettre en 54 avant Jésus-Christ.

450 ans plus tard, comme beaucoup des Gaulois de Belgique, ils fournissaient à l’Empire l’élite de ses soldats.

Ménapiens
Les Ménapiens servent dans l’armée romaine depuis des siècles, fournissant des contingents d’élite à l’Empire.

L’unité des Ménapes séniors a été crée et positionnée par Constantin vers 312 sur la rocade stratégique Cologne-Bavay pour protéger la Gaule des invasions venant du Nord-Est. Le dispositif comprenait les Menapii Seniores basés à Castellum Menapiorum/ Kassel, les Geminianences (légion comitatenses) au fort de Geminiacum/Liberchies, les Divitenses (Légion palatine) au fort de Divitia/Deutz, les Tongrecani (Légion palatine) à Tongres, les Turnacences à Tournai, les Cortoriacenses (légion comitatenses) à Courtrai et les Nerviens (légion ou auxiliat) à Bagacum nerviorum/Bavay.

Un siècle plus tard toutes ces unités existaient encore, pour la plupart elles avaient rejoint les armées de manœuvre gauloise ou italienne, preuve de leur valeur. Tongres, Bataves, Nerviens, Ménapes, ce sont désormais des troupes romaines !

légion gallo-romaine
Les légions Gauloises sont désormais les plus réputés de l’Empire, employés à la défense du Rhin comme sur toutes les autres frontières.

Pour preuve de leur parfaite intégration à la romanitas, les Ménapes ont même fourni à l’Empire un usurpateur célèbre, Carausius. Pendant sept ans, de 286 à 293, celui-ci fera trembler l’Empire depuis la (Grande-)Bretagne.

A l’origine, ce Ménapien servait sous Maximien dans sa campagne de répression des Bagaudes, ces soulèvements populaires réunissant paysans ruinés, déserteurs et criminels. Phénomène essentiellement gaulois, il prit de telles proportions sous Dioclétien que celui-ci ordonna à Maximien de régler le problème avec ses légions. A l’issue de la campagne victorieuse, Carausius est nommé commandant de la classis Britannica, la flotte chargée de surveiller les côtes gauloises et bretonnes. Les pirates saxons et Francs font des ravages, et l’énergie déployée par Carausius durant les opérations contre les rebelles a été remarquée par l’Empereur.

A la tête de sa flotte, le Ménape Carausius fait des merveilles, interceptant les pirates qu’il envoie par le fond par dizaines. Mais il apprend qu’il va avoir des problèmes avec la justice impériale : il semblerait que le commandant de la flotte préfère intercepter les pirates APRÈS leurs pillages pour saisir le butin… sans pour autant le restituer à ses propriétaires ou au trésor impérial.

centurion romain image
Carausius, lors de sa campagne contre les Bagaudes d’Armorique

Anticipant l’arrestation, il se fait proclamer en Bretagne Empereur, notamment par la IIème légion Auguste. Très vite, grâce à sa flotte, aux légions bretonnes et à ses recrutements de mercenaires francs et saxons, il dispose d’un potentiel militaire suffisant pour s’assurer le contrôle de la Bretagne entière, mais aussi de la Gaule du Nord: le delta du Rhin comme la côte nervienne se soumettent, avec des villes aussi stratégiques que Rotomagus (Rouen, la ville de garnison des Ursarienses)  ou Bononia (Boulogne-sur-mer).

Mieux, il développe une diplomatie avec les rois Francs d’outre-Rhin, qui ne lui fournissent pas que des recrues : en contrôlant l’estuaire du Rhin, ils empêchaient une expédition contre l’usurpateur. Expédition rendue encore plus difficile que le pouvoir impérial n’avait qu’une flotte dans la région, et c’était Carausius qui la contrôlait !

arc de triomphe 1/72
Deux éléments de plus dans mes décors : une voie romaine et n magnifique arc de triomphe ! Mes Ménapes le traversent pour se rendre à leur campement.

En 291, une tentative fut pourtant tentée, mais le silence pudique des sources officielles sur son déroulement laissent deviner un échec retentissant. D’ailleurs, Carausius se sent pousser des ailes : il se proclame empereur de l’Imperium Britanniarum, se donnant le titre de Restitutor Britanniae (« Restaurateur de la Bretagne ») et de Genius Britanniae. Il bat d’excellentes monnaies qui lui conservent la fidélité de ses troupes, de ses alliés Francs et des puissants commerçants gallo-romains.

Il semble que Maximien ait fini par tolérer l’usurpateur, accaparé qu’il était par la défense de la frontière rhénane. Cela provoqua fureur de Dioclétien qui en créa la tétrarchie : il nomma deux Césars, dont l’un, Constance Chlore n’avait qu’une mission : ramener la tête du Ménapien Carausius.

Le César commença par chasser les partisans de l’usurpateur du continent dans la Gaule septentrionale, fabriquer une flotte et « pacifier » les Francs au glaive. Lorsqu’il eut fini cette première phase, il apprit que Carausius n’était plus : il avait été assassiné par son Trésorier Allectus à Londres.

voie romaine
les voies romaines permettaient aux légions romaines de se déplacer plus vite que n’importe quel adversaire

Pour revenir à notre légion romaine, les Ménapes étaient sans doute à l’origine classés comme une unité frontalière, promue ultérieurement comitatensis. Cette promotion, assurément l’œuvre de Constantin, représente selon la thèse de Carrié la récompense de la loyauté de la légion au jeune Empereur dans ses guerres civiles. Un « surclassement » parmi les premiers du genre, comme l’attestent au moins eux éléments : le rang protocolaire élevé dans la notitia, qui en fait la première citée des légions comitatenses, comme l’absence d’un commandement équivalent limitanei dans la notitia aux ordres du Duc de Belgique seconde. Plus tard, les promotions seront plus visibles, les unités promues étant citées « en double » avec leur ancienne affectation locale, comme par exemple les ursarienses.

camp diorama
A l’automne, un campement est monté à l’intérieur d’un camp de marche, le castrum.

Mais si à l’origine le classement comme comitatensis était surtout honorifique (quoi qu’agrémenté pour les légionnaires de véritables avantages : meilleure paye, service moins long…), avec la calcification de l’armée romaine, cela devint une différence opérationnelle plus marquée un siècle plus tard.

Les Menapii seniores étaient donc tout indiqués pour que je les réalise, d’autant qu’Italeri, dans sa boîte 6137 propose 4 motifs de boucliers, dont l’un ne peut figurer pour une unité d’infanterie que les Menapii ou les Cortoriacenses: ce sont les seules à avoir un dragon enroulé sur lui-même comme épisème. J’en ai donc fait 40, dont 12 archers et 6 armati, ce qui est malheureusement trop peu !!

cohortes romaines
Les romains avaient l’habitude d’employer leurs unités par paire, en brigade : ici les Ménapes sont déployés avec leurs frères d’arme des Cortoriacenses, une autre légion belge avec qui ils partagent aussi le même motif de bouclier

menapii Seniores motif bouclier

Les gravures des miniatures Italeri 6137 sont remarquables, dommage que j’ai commencé à peindre cette unité alors que ma technique de peinture était encore balbutiante… Je pense notamment que j’ai mis trop de peinture : la couche est trop dense, et fait perdre de sa finesse à la figurine dont on voit moins la gravure. Il n’est pas impossible que je les reprenne un jour !

MaJ du 18/11/17 : c’est désormais chose faite, mes Ménapes ont été repris pour plus homogénéité. vous pourrez désormais découvrir ci-dessous l’ancienne version, la nouvelle illustrant l’article.

D’autant que leurs frères d’armes des Cortoriacenses sont eux peints d’un style très différent !! (merci le studio moustache ! 😉 )

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