Equites Honoriani Taifali iuniores – Cavaliers Taifales Honoriens juniors

Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles j’ai voulu cette unité dans mon armée Gauloise.

Je voulais une unité « semi-régulière », à l’opposé de vexillations comme la Prima Gallia ou les Equites octavo Dalmatae, unités de l’armée 100% romaines, qui ressemble plutôt aux Comites Alani, unité d’élite formée de nobles Alains capturés. Mais aussi une unité vraiment tardive, qui marque bien son époque. Et enfin j’adore le motif de leur bouclier, un petit plaisir supplémentaire !

motif bouclier taifales
Parmi les motifs des boucliers romains du bas-empire, celui-là me plait beaucoup !

Les Taifales, des barbares au service de l’armée romaine

Les Taifales était un peuple, numériquement jamais important dans l’histoire antique, mais par contre très guerrier : on retrouve des Taïfales face aux armées romaines tantôt auprès des Goths, des Sarmates et plus tard des Huns. On ignore s’ils étaient des germains orientaux comme les Goths, mais manifestement même peu nombreux, ils gardèrent leur identité dans les grandes coalitions barbares.

C’est le massacre d’une de ces coalitions qui est à l’origine de notre unité. Farnobe, un chef Taifale, à la tête d’hommes de son peuple et de Goths, se fait rosser par le Duc de Valérie Frigéridus et ses limitanei en décembre 377. La défaite est si sévère que les Taifales survivants furent fait prisonniers et déportés avec leurs familles, en Italie dans la plaine du Pô et en Aquitaine. Mais les besoins pressants en hommes comme les qualités martiales des Taifales incitèrent les Romains à profiter de cette main d’œuvre militaire captive pour constituer plusieurs unités de cavalerie  : les Equites Honoriani seniores (sans doute Taifales), les Equites Honoriani Taifali iuniores et les Comites Taifali.

taifales honoriens juniors
Les Taïfales, des cavaliers barbares (Goths ou Sarmates) au service de Rome à la fin de l’Empire

Ces unités sont répertoriées dans la notitia dignitatum comme des vexillations palatines, soit des unités d’élite. Il est vrai que les dernières levées étaient souvent directement promues à ce rang, sans doute pour des raisons matérielles (la solde est meilleure plus l’unité est prestigieuse !)…

Leurs familles ont été déportées, installées dans des colonies agricoles, obligées de les cultiver et de fournir des recrues à l’armée impériale, sous la férule d’un Préfet chargé de les administrer, le praefectus Sarmatarum et Taifalorum gentilium Pictavis in Gallia : Le préfet des Sarmates et des Taifales dans le Poitou.

Cette installation coloniale survécu longtemps, même à la chute de l’Empire Romain. Les Francs les administrèrent « à la Romaine », sous le commandement d’un Duc, qui y recrutait toujours une bonne cavalerie pour l’armée mérovingienne. Administration pas de tout repos, puisqu’en 561, ils se révoltèrent et tuèrent leur duc Franc, Austrapius !

Avant cet événement, ils se signalèrent aux côté des Huns lors de l’invasion d’Attila en Gaule, mais aussi en 507 lors de la bataille de Vouillé, quand les Francs mirent en déroute l’armée Wisigothe grâce justement à leur cavalerie Taïfale !

taifali cavalry
Les Taifali était reconnaissables à leur motif de bouclier, appelé « dragon à la perle »

Pour revenir aux Honoriani Taifali iuniores, ils devaient sans doute être la fine fleur des cavaliers Taïfales, à l’image des Comites Alani.On notera d’ailleurs qu’il existe une unité de Comites Taifali dans l’armée d’Orient. Est-ce à dire que les nobles furent déportés en Orient et les autres en Occident ? Pas impossible, ne serait-ce que pour décapiter politiquement la tribu…

roman cavalry fourth century
la cavalerie romaine tardive est très différente de celle, plus connue, du principat !

L’affectation de cette unité n’est pas claire. Mais il semble bien qu’à l’origine elle ait été envoyée en Bretagne servir aux ordre du comes Britannia, avant sans doute d’être rapatriée en Gaule. Impossible de savoir quand par contre. A-t-elle fait précisément l’objet d’un ordre de réaffectation du Haut commandement Romain comme a pu le faire Stilicon  jusqu’en 406 ? Ou bien cette unité a-t-elle suivi l’usurpateur Constantin III quand celui-ci a pris la tête de ce qu’il restait de l’armée de Bretagne pour débarquer en Gaule ? Impossible de le savoir, mais une chose est sûre : aux alentours de 425, l’unité est stationnée en Gaule, peut-être près des colonies poitevines des Taïfales…

miniart 72014 roman late cavalry
Les Taifali étaient pourtant une unité régulière romain, encadrée par des officiers et des sous officiers Romains, que j’ai représenté avec des cavaliers issus du set Miniart 72014

Une cavalerie lourde, mais pas des cataphractaires

Ces cavaliers étaient de type lourd ou mi-lourd, protégés par des cottes de mailles, voire des armures faite de corne ou de sabot de cheval. Ils maniaient la lance ou l’épée, et servaient de cavalerie de choc, aussi utiles face à l’infanterie que, surtout, face à d’autres unités montées.

Pour représenter cette unité, je voulais encore plus de diversité que pour les comites Alani : ceux-ci l’étaient déjà grâce aux poses particulièrement adaptées de MiniArt et à une peinture sans uniformité. Mais pour cette unité, je souhaitais un côté plus dépareillé : manifestement cette unité a été formée à une époque plus tardive que celle des Alains, avec sans doute moins de cadre. Il n’en reste pas moins qu’il s’agit d’une unité régulière, avec des officiers romains pour la commander.

MiniArt 72013 peints
Les cavaliers germaniques du set MiniArt 72013 sont parfaits pour mes Taïfales!

Quelles miniatures choisir pour les représenter ? Un mélange ! D’abord, en retrouvant sur Ebay les introuvables germains tardifs de MiniArt 72013. Après un an de veille, hop, j’arrive à acheter un set a peu près en bon état, qui comporte 16 cavaliers. Je les utiliserai tous, sauf les 4 légers. A ceux-là je rajoute 4 cavaliers romains MiniArt 72014 pour en faire les officiers et sous-officiers de la vexillation, et deux cavaliers Goths du set Hät 8133 Coates & Shine Gothic Army , pas les plus beaux mais assez représentatifs, et surtout gage d’une diversité accrue !

En tout donc 18 cavaliers pour figurer une unité qui a du compter officiellement 300 equites, quand bien même elle n’a jamais dû en envoyer autant au combat, entre les maladies, les blessures, les défections, les montures à trouver…

diorama cavalerie romaine
Les Taifales, une cavalerie lourde pour faire régner l’ordre romain en Bretagne

La peinture de ces miniatures répondait à un enjeu clair, le même que pour les poses : différences poussées au maximum !!! Différences pour les tuniques, les chevaux, les selleries, les armes et même les armures. Un pari réussi, alors même que la diversité des poses et des fabricants ne saute pas aux yeux, grâce à l’harmonisation produite par la peinture. Il est vrai que j’ai veillé à n’employer que des figurines d’une taille équivalente. La difficulté, c’est que les fabricants disent tous fabriquer du 1/72, soit normalement 20 millimètres, mais en réalité, les tailles sont loin d’être les mêmes. Hät a tendance à produire des miniatures plus petites, alors qu’Italeri ou MiniArt produisent plutôt du 25mm. Ce qui, même à l’oeil nu, est malheureusement assez visible.