Les Bucellarii sont des soldats romains d’un nouveau genre, apparus au Vème siècle. Ils n’appartiennent à aucune unité officielle et ne sont pas pas payés par l’État Romain. C’est en réalité la garde privée de personnages importants de l’Empire, essentiellement des généraux. A mesure que ceux-ci deviennent autonomes vis-à-vis du pouvoir impérial, ils s’entourent de gardes du corps toujours plus nombreux, jusqu’à en constituer de véritables armées privées.
Si le phénomène est nouveau, il tire ses racines de la culture romaine et barbare. Les riches Romains ont toujours entretenu une clientèle. Magistrats, généraux, gouverneurs, riches propriétaires, tous s’entouraient de fidèles qui étaient rémunérés par le biais de faveurs, d’une table ouverte, voire de dons monétaires. Dans le lot, et surtout pour les fonctions exposées, il n’était pas rare que quelques obligés soient plus spécifiquement attachés à la protection de leurs patrons.
Mais pour ses hauts fonctionnaires, a fortiori militaires, Rome avait toujours prévu le détachement de soldats réguliers à des fins de protection. D’abord choisis dans les unités légionnaires, ils finirent par devenir des spécialistes issus de corps dédiés, comme les protecteurs domestiques. Les protecteurs étaient à l’origine un corps de cadets, dont la formation commençait dans l’entourage des officiers supérieurs, leur servant d’estafette, de garde du corps, d’officier de renseignements etc etc…
Même s’il se nouait évidemment des liens avec leur chef, (on pense par exemple à Ammien Marcellin envers le magister militum Ursicin, qu’il suivi de l’Orient à la Gaule dans toutes ses missions), ces protecteurs étaient des soldats susceptibles d’être affectés partout auprès de n’importe qui : l’armée, donc l’Empereur, en décidait.
Les bucellaires rappellent en réalité des comitatus des chefs barbares : les roitelets alamans par exemple, entretenaient une suite de soldats permanents dans une société ou l’armée étaient essentiellement constituée de levées de paysans avant la campagne. Cela permettait d’avoir un noyau dur de « professionnels » du combat, tout autant qu’une garde personnelle, gage de sécurité comme démonstration de pouvoir.
Aussi il n’est pas surprenant que la barbarisation de l’armée Romaine, qui a eu lieu tant à sa tête que par le recrutement toujours plus accéléré d’éléments étrangers par unités entières, ait fini par débouché sur le phénomène des Bucellaires.
A mesure que l’Empire s’essoufflait à se défendre face à des agresseurs toujours plus nombreux et puissants, il a du se résoudre à confier sa protection à des généraux toujours plus autonomes. Souvent d’origine barbare, ces derniers se sont entourés de soldats privés, ces bucellaires dont le nom dérive de bucellatum, le biscuit sec distribué aux légionnaires avant la marche.
Le général pourvoyait sur ses fonds personnels à cette distribution, qui par la suite devint une véritable solde. Les bucellari étaient aussi bien Romains qu’étrangers. N’ayant d’autre fidélité que personnelle, leur « nationalité » importait peu, d’autant plus dans un contexte et un milieu militaire très poreux. Tout au plus peut on voir chez les germains d’abord (Francs, Allamans), puis les Goths ensuite de grands pourvoyeurs de bucellaires, mais de nombreux soldats réguliers romains semblent avoir préféré avec le temps le service privé à celui de la légion régulière.
Une chose est sûre, le prestige des bucellaires devint bien vite très important, largement supérieur à celui des soldats réguliers.
Le Patrice Aetius par exemple, tirait sa force de bucellaires qui pour beaucoup étaient huns. Ayant été otage enfant chez eux, l’un des derniers grands généraux romains avait su cultiver leur amitié suffisamment pour en faire un réservoir de mercenaires qui lui servirent beaucoup dans ses guerres en Gaule.
Ainsi ça n’est pas un hasard si Aetius est assassiné par son Empereur Valentinien alors qu’Attila, Roi des huns, avait interdit à son peuple de servir des Romains. Privé de sa garde hunnique, Aetius devait paraître plus vulnérable, alors que ses victoires faisait de lui une menace pour le pouvoir Impérial. Comme il n’est pas non plus un hasard que Valentinien ait été assassiné peu après par deux bucellaires Goths d’Aetius, Optila et Thraustila. Tuer l’Empereur au nom de son patron assassiné, ça donne une bonne idée du degré de fidélité requis des Bucellarii !!
Mais pourquoi faire des bucellaires ? la date de 399 est sans doute un peu prématurée pour ce type de combattants : selon Olympiodore, cité par Michaël Vannesse, ils sont bien apparus sous Honorius, au moment de la désagrégation de l’armée régulière romaine. Mais ils étaient peu nombreux, et plutôt étrangers. Les deux premiers généraux à en avoir eu était Stilicon, entouré d’une garde personnelle de Huns, et Sarus, doyé d’une garde de compatriotes Goths. A chaque fois, leur garde de bucellaires semblent avoir compté au maximum 300 membres. Au passage, c’est précisément le nombre de cavaliers d’une unité montée ! De là à penser que les unités de bucellaires ont été formés à l’image d’unité régulière, je franchis le pas. On sait que les unités de fédérés l’ont été, comme en témoigne par exemple l’organisation de l’armée gothe, formée en partie d’anciens mercenaires au service de l’Empire, ou même la création d’unité régulière à partir de soldats étrangers vaincus, tels les comites Alani : de nobles Alains (les »comites« ) furent fait prisonniers puis reversés dans une nouvelle vexillation palatine officielle.
Quelques fidèles gardes du corps privés existaient donc déjà à l’époque, mais ça n’est pas la raison de leur présence dans le projet. Ou plutôt, il y en a deux.
1. J’ai enfin mon scénario : ce sera la révolte du Magister Militum Gaudentius, que l’Empereur demandera de réprimer au Maitre de la cavalerie des Gaules Marcellinus. Ce Gaudentius, mi officier, mi aventurier, s’entourera donc de bucellaires !
2. le temps me manque. la place me manque. Tout me manque pour avancer sur ce projet. Peindre une unité de plusieurs dizaines de petits soldats me prend un temps fou que je n’ai pas. D’autant qu’avec le temps je suis devenu plus exigeant. Toutes me premières unités, je vais les convertir, je les trouve bien moins réussies que les dernières que j’ai réalisées et encore plus de celles qui ont été peintes par des figurinistes professionnels !
Toutes ces premières figurines peintes trop vite et pas assez bien, j’ai décidé de les utiliser pour mes bucellaires : si je n’ai pas le temps de peindre des légions entières, je peindrais une à une des figurines uniques que je créerai à partir de conversion et de mélanges de plein de petits soldats différents. Plus facile à mettre en place donc. J’utiliserai par exemple des fédérés saxons peints il y a très longtemps, une partie des superventores, des parthes, qu’ils soient clibanaires ou archers montés, des auxiliaires goths, certains de mes burgarii…. La liste est presque interminable !
Je vais aussi m’inspirer d’un projet génial, Bodstonia, dont le principe est de créer une bio par personnage. On descend d’un cran, de l’unité au soldat !
Évidemment, il ne s’agit pas de ne plus peindre d’unité entière. Quand je trouverai le temps (cet été ?), je m’y attellerai, j’ai des centaines de figurines qui m’attendent ! Et je continuerai de travailler avec quelques figurinistes de talent de temps en temps. Le projet comitatus gaulois est un projet de longue haleine, qui va prendre des années, avec des moments de grosse productivité et d’autre de gel d’activité…
Cet article sera nourri de photos de miniatures peintes avec le temps. Je commence avec mon premier cavalier bucellaire et à mesure que je peindrais d’autres figurines, je les rajouterai. (MAJ du 25/10/16 : comme vous avez pu le voir, j’ai rajouté neuf photos avec autant de nouveaux cavaliers!!)
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