Par mesure de réalisme, je n’ai pas voulu faire de mon comitatus une armée composée uniquement de troupes d’élite.
Ainsi pour l’infanterie, les terribles légions palatines des Joviens et leurs frères d’armes Herculiens cohabitent avec les troupes limitanei (troupes frontalières ) des Milites Dalmati ou de la cohors primae batavorum.
Pour la cavalerie, même chose. A la cavalerie lourde des comites Alani ou des cataphractaires, j’ai voulu ajouter de la cavalerie légère provenant de troupes limitanei.
On aurait d’ailleurs tort de penser que ces unités n’avaient aucune valeur. Certes, plus l’appareil romain s’est sclérosé, plus les unités frontalières ont perdu en combattivité. Mais 50 ans plus tard, et uniquement celles loin des théâtres d’opérations ! En Gaule, en Bretagne ou en Illyrie, les troupes frontalières n’ont jamais manqué d’action…
Il est indéniable que leur solde, leur prestige et leur encadrement ait été inférieur à celui des unités d’élite. Ça n’en faisait pourtant pas des unités de seconde zone : à chaque fois qu’elles ont été employées, la littérature de l’époque nous dit à quel point ces troupes ont été coriaces pour les barbares. Pour cette raison elles étaient fréquemment associées aux campagnes des armées « mobiles » si elles étaient stationnées aux abords ou sur le théâtre d’opérations. Pour cette même raison l’unité des equites dalmatae a toute sa place dans mon comitatus !
Les unités de cavalerie limitanei de la fin du IVème siècle sont les héritières des vexillations légionnaires ripenses et des ailes (alae) ou cohortes auxiliaires, postées aux frontières. L’unité des equitae dalmatae a sans doute été créée sous l’Empereur Gallien : au milieu du IIIème siècle, cet Empereur se trouva face à la situation la plus critique que Rome eut à connaître. Pratiquement, il ne régnait plus ni sur la partie occidentale (Gaule, Germanies, Bretagne et une partie de l’Espagne) aux mains de « l’Empire Gaulois de Postumus », ni sur la partie orientale, aux mains de l’état proto-romain de Palmyre. Pour couronner le tout, la partie qui lui restait était soumise à des invasions massives sur le Danube.
Grand réformateur militaire, on lui attribue la création de nombreuses unités de cavalerie pour faire face à tous ces fronts. Comme il ne lui restait que deux grands bassins de recrutement, la Dalmatie et l’Afrique, les unités de cavalerie qu’il recrutait furent nommées génériquement equites Dalmatae et equites Mauri. Dans la notitia, document rédigé au moins un siècle et demi plus tard, on trouve encore 48 unités de cavalerie portant ce nom (Et 5 illyriciani, qui sont sans doute de même nature) !
Six ont le rang de vexillation comitatenses, dont deux en Gaule. Détail amusant, on voit que ces unités ont été levées en masse : sur les 6 restantes, 5 portent leur numéro d’origine (tertio, quinto, sexto, octavo, nono). La huitième a d’ailleurs gardé son rang de comitatenses, d’unité de l’armée de campagne, je l’ai donc réalisée aussi ici.
S’il n’est pas impossible que le recrutement originel ait été homogène ethniquement, il est évident que la composante Dalmate devait être minoritaire un siècle et demi plus tard pour les unités qui n’étaient pas stationnées dans leur région d’origine.
Mes Equites Dalmatae sont eux une unité lambda de frontière, basée à Praesidio, sur la « côte saxonne » sous les ordres du Comte du rivage saxon. C’est donc une force de cavalerie positionnée sur le territoire côtier pour intercepter les pirates francs et saxons.
Selon l’excellente thèse de Corentin Méa sur la cavalerie romaine du bas-empire, ces unités ne comptaient pas plus de 300 cavaliers.
On ne connait pas précisément leur spécificité opérationnelle, aussi j’ai décidé d’en faire de la cavalerie légère : après tout une unité frontalière, chargée de veiller aux infiltrations de pillards, devait sans doute l’être !
Quant à son apport à l’armée de campagne, il devait être celui dévolu à la cavalerie légère : reconnaissance du terrain, harcèlement des patrouilles d’éclaireurs ennemis, protection des convois, flanc-garde des colonnes.
Lors de la bataille, la cavalerie de ce type pouvaient harceler les lignes ennemies pour « tester » le dispositif ennemi, mais généralement elle était employée sur les flancs pour se garder d’un contournement, voire cantonnée à l’arrière et lancée dans la bataille pour poursuivre l’adversaire en déroute.
Pour les réaliser, la cavalerie légère de Hät 8188 était parfaite. Elle contient des cavaliers protégés d’un bouclier rond, une partie d’un casque, les autres allant tête nue ou couvert d’un bonnet Pannonien, dans la pure tradition dalmate.
On y trouve des archers (peut-être un peu trop), et des equites armés d’une lance ou d’une épée longue (spatha). Aucun d’entre eux ne porte de cuirasse ou de cotte de maille.
Je les trouve un peu petits et malingres, surtout par rapport au MiniArt, mais ils sont remarquablement réalistes !
J’en avait acheté deux boîtes, que j’ai peintes il y a très longtemps, à l’époque ou ma peinture n’était pas fantastique. Les figurines sont peintes sans recherche du détail. Il faudrait que je m’intéresse aux différents tutos de peintures pour les figurines 1/72, notamment ceux pour « ravoir » des figs déjà peintes. Si vous en connaissez…
Ils sont donc 48 (MaJ du 13/33/2016 : plus que 40, j’en ai utilisé 8 pour faire une unité semi régulière postée sur le Mur d’Hadrien !) , ce qui est en théorie trop pour cette unité, mais quand on aime on ne compte pas !! Pour le motif de bouclier, j’ai fait simple, vert avec un rond rouge au milieu. Je n’avais pas de modèle à suivre, malheureusement les motifs des boucliers des unités limitanei n’ont pas été conservés. Vu la taille de leurs petits boucliers ronds et mes talents de peintre, je n’ai pas voulu me risquer à faire un épisème trop compliqué.
Depuis, avec une seule boîte de Hat 8188, j’ai fait deux unités : les equites secundo sagittarii et les Equites Octavo Dalmatae.
late roman figurines 1/72 
Bonjour,
votre blog est vraiment une réussite et particulièrement bien documenté, bravo!!
Je suis également passionné par le 1/72 mais ne maitrise pas vraiment les armées de l’antiquité. J’ai comme projet de réaliser une sorte d’histoire des armées romaines (bien évidemment non exhaustive) en réalisant pour chaque grande époque (république, empire, etc…) 3 ou 4 « régiment ». Pourriez vous m’indiquer un site ou des ouvrages permettant de se documenter tant sur les époques que sur les uniformes des légions romaines?
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Bonjour, merci pour le feedback, ça fait plaisir ! Je pense depuis longtemps faire un article sur mes sources bibliographiques. Au delà de la peinture des figurines, la lecture des livres d’histoire militaire est un passe-temps que j’adore.
Pour le besoin qui est le vôtre, je vous conseille de vous diriger vers la collection Osprey : https://ospreypublishing.com/store/military-history/period-books/ancient-warfare Vous y trouverez toutes les periodes romaines, toutes les unités et de magnifiques planches qui vous guideront dans votre peinture. Bon courage dans votre projet !
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