Beaucoup de photos de légionnaires en miniature dans ce post ! En effet, c’est en tout 136 figurines qui auront été peintes pour représenter cette unité des Ioviani Seniores… Comme vous pourrez le lire un peu plus loin !
Faire un article sur les Joviens après celui sur les Herculiens me pose le même problème que celui sur les Cornutes après avoir écrit la notule des Brachiates : comme ces unités étaient TOUJOURS engagées ensemble, après avoir été créées ensemble, leur histoire est presque la même. Même genèse, mêmes combats, mêmes batailles…
Pour un historique complet de l’unité, je vous invite donc à lire cet article sur les Herculiens.
Toutefois, il semble qu’un fâcheux incident leur soit arrivé sans que leur unité soeur n’y soit mêlée…
Les défaites romaines face aux armées barbares sont assez rares, et celles qui impliquent l’élite des légions encore plus. Toutefois, il y en a eu, d’importance variable : Adrianople a été catastrophique, alors que le désastre du Teutoburg n’a pas eu une grande incidence.
C’est d’ailleurs une défaite assez similaire à l’anéantissement des légions de Varus dont on été les protagonistes nos Ioviani…
Nous sommes en 388, et l’usurpateur Maxime a renversé Gratien, pris le contrôle de la Gaule et confié sa défense à deux Magistri Militum : Quentin et Nannin. Maxime était en effet parti avec la grande armée des Gaules vers l’Italie pour y assoir son pouvoir.
Nannin était un militaire de grande expérience, sans doute d’origine franque, qui presque 20 auparavant, en 370, était déjà Comte du Rivage Saxon, en charge des troupes basés sur la côte gauloise protégeant des incursions pirates. En 378, il avait été nommé par Gratien Comte des deux Germanies pour surveiller la frontière contre les Alamans.
En 388, l’usurpateur lui confie la maitrise de la milice en Gaule, mais « en duo » avec un autre officier ayant probablement le même rang, Quentin. Celui-ci était basé à Augusta Treverorum (Trèves), à 100km de la frontière, alors que Nannin se trouvait sur celle-ci à Mayence. Doit-on y voir une répartition entre troupes de choc confiées au jeune Quentin et les troupes frontalières sous le commandement de l’expérimenté Nannin ?
Comme le pressentait Maxime, les Francs passèrent à l’action dès qu’il surent que celui-ci était parti pour l’Italie. Trois colonnes s’engouffrèrent profondément en territoire romain, à plus de 200km de la frontière ! Ils évitèrent soigneusement les villes fortifiées et les forts, mais mirent à sac les riches campagnes gauloises, ainsi que les grandes villas de l’aristocratie gallo-romaine.
Une telle pénétration signifie sans doute que Maxime avait laissé peu de troupes, aussi Nannin et Quentin se regroupèrent à Cologne pour couper la retraite des pillards. Trop tard, les Francs s’étaient déjà retirés, exceptée une arrière-garde retardatrice qui s’était retranchée dans la forêt Charbonnière. Elle mena sa mission jusqu’au bout, puisqu’elle fut exterminée par les troupes Romaines mais permit au gros des Francs de revenir à bon port.
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Une telle issue ne fut pas du goût des Romains, furieux d’avoir manqué les pillards. Néanmoins, les deux officiers se disputèrent sur la marche à suivre. Nannin, expérimenté, se refusa à poursuivre les Francs sur leur territoire, « parce qu’il savait que ceux-ci ne seraient pas pris au dépourvu et que dans leur propre pays ils seraient indubitablement plus forts« (Sulpice Alexandre). Quentin ne l’entend pas de cette oreille, et décide d’aller à leur poursuite avec ses seules troupes.
La division des troupes romaines, qui devaient déjà être peu nombreuses, rend l’expédition pour le moins hasardeuse. Nannin retourne à Mayence avec les siennes, et Quentin franchit le Rhin.
Au bout de deux jours de marche, les Romains tombèrent sur des villages vides, des champs désertés. Après les avoir brulés un peu vainement, ils passèrent une nuit tourmentée au milieu d’une nature hostile et d’ennemis invisibles. Le lendemain, ils passèrent par une épaisse forêt dans laquelle ils se perdirent. En cherchant leur chemin, ils buttèrent sur de solides palissades qui les entrainèrent vers une plaine marécageuse, terrain particulièrement difficile pour l’infanterie lourde romaine, handicapée par son armement défensif. Du haut des arbres et des palissades, un nombre toujours plus élevé de Francs tirait sur les légionnaires des flèches dont certaines étaient sans doute empoisonnées.
Le moral en berne, les Romains débouchèrent en fuyant dans de profonds marécages ou les avaient « conduit » les Francs : entourés d’ennemis hurlants, ils se noyaient dans les eaux boueuses, écrasés par les chevaux, la peur et les ennemis sur la rive. Les seuls qui s’en tirèrent furent ceux qui retournèrent se cacher dans les bois ! A cette occasion, Heraclius, tribun (commandant) des « Joviniens » fut tué, ainsi que tous les officiers.
Ce désastre, sans doute d’ampleur médiocre numériquement parlant, semble avoir fait grand bruit à l’époque, au point que les Romains lancèrent dès le retour du comitatus gaulois deux offensives outre Rhin pour laver l’affront. Le fait que des Joviens aient été massacrés n’est sans pas pour rien dans le retentissement de la défaite.On sait en effet que les Barbares connaissaient très bien les motifs des boucliers et le prestige des différentes unités. Les Joviens, unité la plus prestigieuse de l’Empire, ont été un beau tableau de chasse.
L’unité ne fut pourtant pas décimée, puisqu’on la retrouve en Italie dans les années 420, toujours à la place qui est la sienne dans l’armée romaine tardive : la première.
Autre preuve de la survie de l’unité, l’inscription funéraire d’un certain Derdio :
Petite histoire des Ioviani dans mon comitatus :
Vous vous en rappelez, j’avais réalisé les Herculiens avec 4 boîtes d’Italeri 6137 pour avoir suffisamment de boucliers frappés de l’Aigle. Mais je n’avais pas pu en faire plus de 48, et une trop grande part était dépourvue d’armure, quand bien même j’avais sacrifié la diversité des poses pour en augmenter le nombre. Décidé à ne pas racheter 4 boîtes d’Italeri (MAJ du 24/06/2016 : à l’époque…) , j’ai pris le parti de prendre 2 sets Hät 8087, soit 80 légionnaires, tous en lorica hamata. Certes, ils sont moins beaux que ceux du fabricant italien, et un peu plus petits. Je regrette juste que les deux unités sœurs ne se ressemblent pas, alors qu’en réalité il est fort probable que c’était le cas…
MAJ du 24/06/16 : Les photos de ces petits soldats peints en Joviens vont bientôt changer. J’ai en effet décidé de convertir ces figurines en Lanciarii Sabarienses. Je n’était ni satisfait des épisèmes, ni du manque de cohérence avec leur unité soeur des Herculiens. Résultat, conversion des boucliers en gardant le superbe travail sur les figurines, et…achat de 4 boites d’Italeri pour refaire des Joviens !
En attendant, voici deux exemples de réalisations parfaites !!
bonsoir,
Très belle documentation et beau travail fourni !…bravo !!
je te joins à mon tour ma réalisation…
dan
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