A la tête du Comitatus Gaulois comme de toutes les grands armées romaines tardives, se trouve un officier supérieur, le magister militum, entouré d’un état-major personnel. Dans la notitia dignitatum, on apprend que celui-ci compte jusqu’à 300 hommes ! Cela donne une idée du degré impressionnant d’organisation et de complexité des armées romaines, le bas-empire ne faisant pas exception.
Mon état-major sera constitué des officiers commandants de certaines unités (tribuni et praefecti), qui formeront le conseil de guerre du général. Puis d’un chef d’état-major (princeps), un officier de discipline (commentariensis) qui sera aussi le porteur d’image sacrée (imaginifer) et le cornicen, tous montés, qui formeront l’état-major particulier. Mais le haut commandement comporte aussi des fonctionnaires civils : comptables (numerarii), sribes (scrinarii), secrétaires (exceptores)… Et enfin, le valet du général, qui le suit en toutes circonstances.
Dans l’armée Occidentale, le Magister Equitum per Gallias est le plus haut commandement régional, inférieur qu’aux magistri peditum et equitum presentalis, c’est à dire « présents à la cour impériale », ou au magister militum utriusque militiae in praesenti, dont le titre indique une fusion des deux charges pour un haut commandement unique, dont se dotera Stilicon pour ne pas avoir de compétiteur. Un titre qui ne fut plus jamais porté, même par Constantius III, le maitre de la milice qui a le mieux « réussi » de tous, puisqu’il devint empereur : il ne fut « que » magister militum peditum, ayant le Goth Ulfila comme collègue.
Magister militum per Gallias est un commandement prestigieux mais aussi une charge qui confère une puissance immense : à la fois la domination de la Gaule, région riche et réservoir inépuisable de troupes de qualité, et le commandement de l’armée du Rhin, sans doute la meilleure de l’Empire.
A mesure que les multiples guerres donnèrent une autonomie accrue aux armées régionales, assez naturellement le Magister Equitum per Gallias devint une force politique dont l’Empereur devait se méfier. Ayant le titre ou l’exerçant de fait, Maxime, Arbogast, Mérobaude étaient autant de brillants généraux qu’une menace pour le pouvoir central. Les deux premiers finirent d’ailleurs par usurper le pouvoir, Maxime en son nom, Arbogast par l’entremise d’un haut fonctionnaire fantoche, Eugène. L’évolution ultime de ce commandement autonome sera Aetius ( de 428 à 454 !), « le dernier des Romains », immense général qui reçu le commandement militaire de la Gaule après une guerre civile : en réalité on lui confiait la province, l’armée et une autonomie presque totale, à la condition qu’il respecte formellement l’autorité de l’Empereur de Ravenne. Détail intéressant, il avait été nommé deux ans auparavant préfet du prétoire de Gaule : on peut penser qu’à la fin de l’Empire le Magister Militum avait tous les pouvoirs, y compris civils.
Un pied de nez de l’Histoire, quand on pense que les magister militum ont été créés par Constantin précisément pour séparer autorité militaire et pouvoir civile : auparavant, les préfets du prétoire concentraient tous les pouvoirs, ce qui en faisaient de terribles menaces pour l’Empereur. Pour régler la situation, Constantin régionalisa la fonction de préfet du prétoire, qu’il divisa en quatre : une pour la Gaule (et la Bretagne et l’Hispanie), une pour l’Italie (et l’Afrique), une pour l’Illyrie et une…pour tout l’Orient.
Par ailleurs, il les déchargea de toute fonction militaire, à l’exclusion de la logistique : c’était eux qui étaient responsable de l’approvisionnement de l’armée. Une manière aussi de brider l’autonomie des premiers magistri…
Cette autonomisation presque politique a été combattue par le pouvoir romain par de nombreux procédés. Le plus radical était de nommer un membre de la famille impériale à la tête de troupes en Gaule. C’est ce qu’à fait Constance II en nommant César Julien. Pour plus de sécurité, Constance nomma d’ailleurs un Magister Equitum per Gallias, Severus, avec pour mission d’entraver Julien, et ne confia pas à celui-ci l’ensemble des troupes des sept provinces… Ces « sécurités » ne furent d’ailleurs pas suffisantes, puisque l’armée des Gaules proclama Julien Empereur !
L’autre moyen était plus sûr pour Rome, mais au détriment de la Gaule elle-même : ne pas nommer de commandant en chef en Gaule, ou en réduire fortement la portée. C’est la politique qui fut appliquée à la fin du IVème siècle et au début du Vème : au lieu d’un maitre de cavalerie des Gaules, on trouve un Comte de Strasbourg (ou Comte des Germanies), avec une armée bien plus réduite. Cette armée n’avait pas la capacité de porter le fer en Italie contre l’Empereur, mais malheureusement pas non plus de défendre efficacement la Gaule des envahisseurs barbares.
Car Stilicon, artisan de cette politique, ne se limita pas à ne pas nommer de Magister Militum en Gaule : poussé par les menaces gothes conjuguées d’Alaric et de Radagaise, il procéda à des rappels de troupes massifs de Bretagne (ce qui abouti à son abandon de facto), mais aussi de Gaule : il y préleva l’élite de l’armée Occidentale. Les Herculiens, Joviens, Cornutes, Brachiates, toutes ces précieuses et puissantes unités furent réunies sous le commandement unique de Stilicon (qui, on l’a vu plus haut, fusionna les commandements des magistri equitum et peditum, en un seul, le sien) en Italie.
En 407, lors de l’invasion combinée des Vandales, Suèves, Alains et Burgondes ne trouvèrent face eux ni un puissant Magister Militum per Gallias, ni même une armée digne de ce nom : juste quelques milliers de burgarii et de fédérés Francs, ainsi que quelques Lètes (Laeti), qui d’ailleurs offrirent une belle mais impossible résistance. Le suicide de l’Empire Romain occidental est, sans doute, né là. D’autant que ces mêmes unités gauloises se révoltèrent contre Stilicon et le tuèrent, coupable d’avoir abandonné leur patrie à son sort.
Pour réaliser ce général et sa suite, il n’y a malheureusement aucun fabricant qui propose un set de haut commandement. Dommage, il y en a pléthore pour la période républicaine et primo-impériale !
Ma chance a été de récupérer quatre magnifiques conversions : à partir d’un cornicen et de l’officier du set Hät 8100, et de deux officiers du set Hät 8087, il a réalisé 4 cavaliers très réussis, avec notamment un étendard (labarum) de toute beauté réalisé à la main from scratch.
Pour le personnel civil, c’est le set Atlantic 1517 qui m’a fourni le valet ainsi que le secrétaire, le scribe et le comptable. J’ai aussi un personnage d’Empereur, au cas où notre ambition général décide de revêtir la pourpre !
A ces personnages il faut ajouter 16 archers, mélange de miniatures Hät et MiniArt, ainsi que 36 légionnaires lourds Hät,que j’ai récupérés. Le travail est un peu grossier, mais ça permet de faire une unité de limitanei, puisqu’ils n’ont pas de panache au casque (symbole d’appartenance à une unité d’élite), à l’exception des officiers. Le motif du bouclier provient quand à lui d’une mosaïque de l’époque, agrémenté d’un Chi-Ro, comme on peut le voir sur l’image suivante. Cette unité sera la deuxième légion Augusta, en charge de la garde de la Bretagne avec leurs collègues Burgarii !
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